L’environnement est la clé d’une meilleure santé
Publié le 6 Oct 2015Cette note a été rédigée par Roman Baudin, Raphaëlle Bohu, Sami Boulahfa, Charlotte Cardin, Quentin Demanet, Yannick Le Guillou, Dieudonné Muteba, Erwann Paul et Alexandre Vallée.
Le groupe santé de Cartes sur Table est animé par Erwann PAUL.
L’environnement – compris comme l’ensemble des lieux et des conditions de vie – est un déterminant majeur de la santé des populations. Si le progrès technique et le développement économique sont souvent associés à un meilleur état de santé, l’industrialisation peut entraîner des dégradations de l’environnement, des conditions de vie et de travail telles qu’elle en devient pathogène. A l’occasion de la 15e édition des Mardis de l’Avenir et à travers trois exemples concrets – la pollution de l’air, les risques alimentaires et les ondes – Cartes sur Table souhaite souligner l’imbrication des dimensions environnementales et sanitaires, et défendre l’idée d’une action coordonnée sur ces deux fronts. Il faut inclure la santé dans les politiques d’environnement, et l’environnement dans les politiques de santé.
L’environnement – compris comme l’ensemble des lieux et des conditions de vie – est un déterminant majeur de la santé des populations. Si le progrès technique et le développement économique sont souvent associés à un meilleur état de santé, l’industrialisation peut entraîner des dégradations de l’environnement, des conditions de vie et de travail telles qu’elle en devient pathogène, ainsi que le dénonce Ivan Illich dans Némésis médicale : « Une société sur-industrialisée est morbide dans la mesure où les hommes ne parviennent pas à s’y adapter. En fait, les hommes cesseraient de la tolérer si le diagnostic médical n’identifiait leur incapacité à s’en accommoder à un ébranlement de leur santé. Le diagnostic est là pour expliquer que s’il ne la supporte pas, ce n’est pas le fait d’un environnement inhumain mais parce que leur organisme est défaillant ».
Cette analyse s’inscrit dans une critique radicale du système de santé et plus largement de la civilisation industrielle, dans une perspective révolutionnaire. Cartes sur Table privilégie une voie réformiste. Nous avons ainsi proposé des pistes de réforme du système de santé qui permettraient aux patients d’être davantage acteurs de leur propre santé (cf. notre rapport de 2014). Mais, comme le rappelle Ivan Illich, notre état de santé est d’abord conditionné par notre environnement et notre mode de vie.
Le scandale récent des manipulations de Volkswagen pour réduire artificiellement les émissions de polluants de ses véhicules montre combien les logiques industrielles et environnementales peuvent s’opposer, sans être incompatibles a priori, et engendrer des effets néfastes pour la santé. Dans ce contexte, défense de l’environnement et défense de l’état de santé des populations doivent être promues dans un même mouvement, et invitent à réinterroger ou à adapter les processus industriels actuellement à l’œuvre.
La Charte de l’environnement de 2004 établit le lien entre santé et environnement dès son article 1er, disposant que « chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ». Les politiques de santé environnementale, dont l’objectif est de créer les conditions nécessaires à l’obtention d’un cadre de vie favorable à la santé, s’étendent toujours plus aux activités humaines (comportements alimentaires, tabagisme, ondes, etc.) et à la qualité des milieux (pollution de l’air, de l’eau, des sols, etc.). L’action publique en la matière vise désormais à orienter les comportements, individuels et collectifs, pour construire ce cadre favorable.
Cependant, enclencher une dynamique de changements de comportements ne saurait se résumer à l’élaboration de mesures contraignantes, tant l’adhésion des différents acteurs est nécessaire aux transformations de leurs activités et de leur mode de vie. En effet, la perception individuelle du risque ne repose pas seulement sur des données objectives de mortalité ou de survenue d’un événement. Le degré d’acceptation d’un risque par la population est a priori inconnu des pouvoirs publics. Il s’agit de convaincre. Là réside toute la complexité de l’action publique en matière de santé environnementale. En cela, les politiques d’éducation et de prévention ont un rôle central et considérable.
S’il existe un consensus pour considérer l’environnement comme un déterminant essentiel de la santé, les données épidémiologiques sont difficiles à mettre en évidence pour des risques précis pour plusieurs raisons :
– les facteurs environnementaux sont des facteurs parmi d’autres qu’il faudrait pouvoir isoler,
– il y a souvent un décalage temporel entre l’exposition à un risque et l’apparition des signes de dégradation de la santé qui lui sont liés,
– la diversité des facteurs de risque et l’inégalité des populations face à ses effets complexifient la tâche d’analyse des impacts sanitaires d’une dégradation de l’environnement.
Ces incertitudes peuvent appeler à la nuance mais elles ne doivent pas interdire ou retarder l’action surtout quand les preuves scientifiques existent. Surtout, l’exposition aux risques environnementaux et l’intensité mesurée de leurs impacts dessine une véritable fracture sociale, territoriale (périphérie des villes, zones dégradées par leur passé industriel, etc.) ou populationnelle (jeunes enfants, personnes âgées, personnes en situation de précarité, etc.). Les inégalités sociales se transforment alors en inégalités en santé, comme le met en exergue le 3ème plan national Santé – Environnement 2015-2019.
L’efficacité de l’action publique en matière de santé environnementale repose donc sur trois piliers :
– une compréhension fine et sans cesse améliorée des phénomènes de dégradation de l’environnement et de leurs impacts sur la santé ;
– un soutien à l’innovation, technique et sociale, permettant de trouver des réponses aux enjeux du présent et du futur ;
– une transformation en profondeur des comportements et des logiques individuels et collectifs.
A travers trois exemples concrets – la pollution de l’air, les risques alimentaires et les ondes – Cartes sur Table souhaite souligner l’imbrication des dimensions environnementales et sanitaires, et défendre l’idée d’une action coordonnée sur ces deux fronts. Il faut inclure la santé dans les politiques d’environnement, et l’environnement dans les politiques de santé.