La santé connectée : quelle révolution ?
Publié le 28 Jan 2016Par Roman BAUDIN, Raphaëlle BOHU, Charlotte CARDIN, Paul CHALVIN, Quentin DEMANET, Julie GELUGNE, Yannick LE GUILLOU, Dieudonné MUTEBA, Kévin PARRA, Erwann PAUL et Hugo ZYLBERBERG.
Sous la coordination de Raphaëlle BOHU.
Le pôle Santé de Cartes sur Table est animé par Erwann PAUL.
L’essor croissant des outils et applications numériques offre des possibilités considérables en matière de recherche et de prévention et est ainsi amené à transformer en profondeur l’organisation du secteur de la santé. Mais au-delà des enjeux sanitaires, la santé connectée est également une opportunité pour l’économie française, du fait de son potentiel en matière d’emplois et de croissance.
Le gouvernement semble aujourd’hui avoir pris la mesure des potentialités économiques et industrielles offertes par la santé connectée et fait preuve d’un certain volontarisme pour mettre en œuvre les conditions nécessaires à son bon développement et sécuriser le business model des nombreuses entreprises françaises concernées par ce marché. Il est possible de citer à cet égard le lancement prochain d’un fonds d’investissement public de 100 millions d’euros destiné à aider les jeunes entreprises innovantes en santé à mener à bien leurs projets. De même, le projet de loi pour une « République numérique », actuellement en cours d’examen parlementaire, a pour objectif affiché de poser les fondements nécessaires à la préparation de l’entrée de la société dans le numérique, à travers notamment le renforcement des contrôles des données et un accès facilité. Nul doute que les enjeux sanitaires seront largement évoqués dans le cadre des discussions sur le texte.
Néanmoins, les entreprises innovantes implantées sur ce marché restent confrontées à des difficultés qui sont loin d’être minimes : financements insuffisants, ouverture des données très limitée, réticence des praticiens, etc. Par ailleurs, la création d’une réelle capacité de pilotage stratégique et de régulation de la santé connectée au niveau national n’est toujours pas acquise, et représente un risque potentiel pour notre système de santé et pour notre souveraineté. Elle doit par conséquent constituer une priorité de l’agenda gouvernemental.
A l’heure où le patient devient « acteur de sa propre santé », les outils numériques prennent tout leur sens. Cette nouvelle donne représente une rupture dans le système de santé, à laquelle la société est prête et sur laquelle les pouvoirs publics doivent se positionner. Face à la croissance exponentielle des usages, il revient à la puissance publique de fixer le cadre de développement de la santé connectée et de créer des garanties permettant de tirer le meilleur parti des innovations, tout en conciliant l’impératif de maîtrise des dépenses publiques avec la capacité à fournir des services de qualité et sécurisés à tous les patients.
Nos propositions
Proposition 1 : Étendre les actions de télémédecine, notamment gériatrique, et les cibler dans les territoires médicalement démunis, afin de favoriser la réduction des inégalités en santé.
Proposition 2 : Créer les conditions d’un écosystème favorable aux partenariats d’innovation entre communautés de logiciels libres, industriels et pouvoirs publics, et garantir ainsi la pertinence, l’indépendance et la souveraineté des choix technologiques vis-à-vis du système public de santé.
Proposition 3 : Favoriser l’adaptation des métiers et des formations à l’essor des outils numériques dans certains secteurs clés de l’économie, comme celui de la silver économie.
Proposition 4 : Accélérer la rénovation du cadre juridique actuel de protection des données de santé afin d’en adapter les conditions d’usage, tout en veillant au respect des principes inhérents à une bonne utilisation des données.
Proposition 5 : Mettre en place des garanties de fiabilité des données, par le renforcement des formations des data scientists et l’amélioration des méthodes statistiques utilisées pour les traiter.
Proposition 6 : Clarifier la gouvernance du système de diffusion et de contrôle des données et la doter de moyens financiers et opérationnels.
Proposition 7 : Permettre le remboursement des objets connectés par l’Assurance Maladie après évaluation médico-économique de ces derniers en situation réelle.
Proposition 8 : Développer des joint venture entre secteur académique, industriels et hôpitaux, soutenues et orientées par les pouvoirs publics.
Proposition 9 : Déterminer, au niveau national, une instance pilote dédiée à la santé connectée permettant de gérer et d’assurer la mise en œuvre de plans d’actions stratégiques pluriannuels.
Proposition 10 : Intégrer l’ensemble des acteurs publics et privés dès les premières phases de définition et d’organisation des parcours de soins connectés.
Proposition 11 : Sensibiliser les professionnels de santé – médecins et paramédicaux – et les patients aux évolutions technologiques et mettre en place des formations innovantes encadrées par des experts du secteur.
2 comments
BOUSIGUE JY says:
Mai 3, 2016
Tout à fait d’accord,mais les questions restent de savoir pourquoi tant de blocages et d’où viennent-ils? Qui y trouve son intérêt, comme jadis pour le téléphone?
Santé connectée certes, mais connectée aussi à une véritable politique de santé publique.
Le malade acteur de sa santé, c’est bien le moins qu’on puisse attendre d’un citoyen qui bénéficie de la solidarité. Mais de là à substituer « santé » à « maladie »?
renaud says:
Jan 22, 2017
Certes génération 2040 prête au tout connecté. …c’est ignotrer La valeur du contact réel physique lors de toute alliance …thérapeutique
Et tout ce que l’on comprend de l’autre d’un simple regard..
un médecin gériatre de la génération d’avant